الخميس، مارس 08، 2007



"Je préfère l’excès de caricature à l’absence de caricature", écrit Nicolas Sarkozy dans la lettre lue à l’audience lors du procès de Charlie Hebdo. L’ennui, c’est que le soutien à la liberté d’expression du candidat UMP s’avère à géométrie variable. En tant que ministre de l’Intérieur, il est en charge des cultes, ce qui ne l’a pas empêché de prendre parti en faveur des caricatures de Mahomet. Mais son poste place Beauvau en fait d’abord et surtout le premier flic de France, et quand il s’agit de la police, Sarkozy ne chante plus la même chanson.
Le dessinateur Placid, poursuivi pour son illustration du livre Vos papiers, au motif que la représentation qu’elle fait d’un policier constituerait à la fois une injure et une diffamation publiques, peut hélas en témoigner. D’abord relaxé en première instance - à la suite d’une plainte déposée en 2001 par le ministre de l’Intérieur de l’époque, le "socialiste" Daniel Vaillant - il a vu le Parquet faire appel et un nouveau procès s’est déroulé en novembre dernier. Placid s’y est défendu seul, sans avocat. "J’ai produit des photocopies d’œuvres de dessinateurs célèbres pour leurs portraits ou caricatures de policiers (Siné, Cabu, etc.). Ce qui semblait m’être reproché était le nez retroussé du policier, proche du nez d’un cochon. J’ai aussi produit des exemples de ma production de dessins, où on peut voir des nez de cochon sur toutes sortes de personnages", raconte-t-il. Une défense qui n’a pas convaincu les juges puisque le verdict est tombé le 18 janvier et que le dessinateur est condamné pour "injures publiques envers une administration, en l’occurrence la police nationale" à une amende de 500 euros. Une somme qui peut sembler dérisoire, sauf lorsqu’elle doit sortir de la poche d’un particulier n’ayant pas forcément la chance de "travailler plus pour gagner plus" : "Une amende de 500 euros est plus compliquée à supporter pour moi qu’une amende de 500 000 euros pour, disons, un responsable d’Elf", explique Placid, qui aurait pu citer Total. Il n’est pas le seul condamné dans l’affaire : l’éditeur Michel Sitbon, responsable de la maison L’esprit frappeur, qui a publié l’ouvrage, devra acquitter 800 euros et Clément Schouler, l’auteur de ce livre écrit sous l’égide du Syndicat de la magistrature, 1000 euros. Que reproche-t-on à ce dernier ? Une phrase : "Les contrôles d’identité au facies, bien que prohibés par la loi, sont non seulement monnaie courante, mais se multiplient." Il suffit d’interroger, au hasard, les habitants des banlieues, pour se convaincre de la véracité de cette affirmation. Oui, mais voilà : dans la France actuelle, on n’a pas le droit de l’écrire. Le jugement expose en effet que cette phrase est "attentatoire à l’honneur et à la considération de la police nationale" et "présente en conséquence un caractère diffamatoire à l’encontre d’une administration publique".
Le journaliste Denis Robert a réagi en signant samedi dernier un article titré Bienvenue à Sarkoland, où il s’indigne en ces termes : "La vraie censure est en marche. Elle est perfide, efficace et économique. Elle défend l’honneur des multinationales, des vedettes du foot ou du show biz et des premiers ministres. Elle s’attaque aux petits éditeurs, aux dessinateurs sans ressources, aux écrivains et aux journalistes indépendants. Elle use et abuse de mises en examen et de frais de procédure. Elle s’opère méthodiquement dans le silence des tribunaux, des campagnes électorales. Et des journaux. Elle est en train de gagner la partie." Un Denis Robert qui s’y connaît en persécutions ! AgoraVox s’associe à lui pour dénoncer cette condamnation indigne et le "deux poids, deux mesures", qui autorise à représenter le prophète de l’islam avec une bombe à la place du turban, mais pas un policier avec un nez de cochon. Pour la liberté d’expression, grouik !
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La lettre du dessinateur Placid

Objet : Placid police

Chers amis,

j’ai appris par "Le Canard enchaîné" que j’ai été condamné à 500 euros d’amende pour "injures publiques envers une administration, en l’occurrence la police nationale", à cause un dessin que j’ai fait en 2001, pour la couverture du livre "Vos papiers !", sous-titre : "Que faire face à la police ?".

Je n’ai pas encore reçu le jugement par voie d’huissier, je n’ai pas les détails. Ce livre était publié par les éditions "L’esprit frappeur". L’éditeur, Michel Sitbon, est condamné à 800 euros d’amende pour complicité avec moi, et avec l’auteur du texte, Clément Schouler, membre du syndicat de la magistrature, condamné à 1000 euros d’amende(l’auteur n’est pas condamné pour injure, mais pour diffamation, à cause d’une phrase dans sa préface : "il y a en France des contrôles d’identité aux faciès, et ils se multiplient" (je cite de mémoire).

Le canard enchaîné a diffusé l’info, me nommant Jean-François Duval (mon vrai nom), l’humanité de même. Libération n’a parlé que du cas de Clément Schouler, oubliant la condamnation de l’éditeur et du dessinateur. Politis aussi peut-être ( ? : l’accès aux articles par leur site est bloqué par un abonnement). J’en oublie sûrement, mais il a été très peu parlé de cette affaire dans la presse, surtout de la condamnation du dessin de couv.

Clément Schouler et son avocat ont fait un pourvoi en cassation. Je sais pas faire ça, ça me gonfle de m’occuper de quoi que ce soit, je me contente de faire cette lettre. Et pas particulièrement pour vous demander conseil, juste pour que l’information circule.

Quelques précisions : le livre, paru en 2001, a été l’objet d’une double plainte (diffamation et injure) de la part de Daniel Vaillant, es-qualité ministre de l’intérieur. Le procès a eu lieu en 2005, je ne me suis pas alors présenté à l’audience et j’ai été relaxé, ainsi que l’auteur et l’éditeur. Le parquet a alors "interjeté appel" (je crois qu’on dit comme ça, qu’est-ce que c’est barbare le langage juridique !). J’étais présent (mais sans avocat) au procés en appel devant la 11ème chambre, le 23 novembre 2006. Le jugement a dû être rendu le 18 janvier dernier.

Pendant ce procès en appel, je me suis défendu. J’ai produit des photocopies d’œuvres de dessinateurs célèbres pour leurs portraits ou caricatures de policiers (Siné, Cabu, Jossot, Thierry Guitard, Steinlen, etc.). Ce qui semblait m’être reproché était le nez retroussé du policier, proche du nez d’un cochon. J’ai aussi produit des exemples de ma production de dessins, ou on peut voir des "nez de cochon" sur toutes sortes de personnages (jardinier, anarchiste, etc.). J’ai enfin montré l’exemple d’une illustration que j’ai faite peu avant dans un magazine pour lycéens, où j’avais représenté une policière sympathique. Etc., etc.

Ce que j’ai appris aussi (comme vous), c’est l’intervention de Nicolas Sarkozy dans le procès Charlie Hebdo récent. La comparaison est simple : je suis quand à moi condamné pour une image, suite à une plainte initiée par le ministère de l’intérieur, patron actuel : Sarkozy.

Je ne cherche pas la bagarre. Je sais juste qu’une amende de 500 euros est plus compliquée à supporter pour moi qu’une amende de 500 000 euros pour, disons, un responsable de Elf. (Je suis un artiste, et les artistes sont pauvres, ce n’est pas un mythe)

Après avoir pensé un moment écrire une "lettre ouverte", ou "communiqué de presse", je me contente de diffuser l’info auprès d’un cercle restreint de dessinateurs, journalistes, éditeurs, ou autres que je connais personnellement (vous en faites donc partie).


Merci de votre attention,
Placid

3 Comments:

Anonymous غير معرف said...

Deux poids et deux mesure.Jamel

11:22 م  
Anonymous غير معرف said...

Les deux poids deux mesures c'est la régle dans ce monde de brutes, à nous aussi de l'appliquer c'est tout simplement du bon sens et de la légitime défense.Eva

8:04 م  
Anonymous غير معرف said...

Il faut s'inventer d'autres stratégies, d'autres objectifs pour contrer ces gens là, ils paniquent et leur monde est finissant, ne perdons pas notre temps à détruire leurs décombres, travaillons un bâtir un autre monde.Anna

11:27 ص  

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